- lyncher
-
• 1861; de l'angl. amér. to lynch, de Lynch law « loi de Lynch » (1837), procédé de justice sommaire attribué à Ch. Lynch, juge de Virginie♦ Exécuter sommairement, sans jugement régulier et par une décision collective (un criminel ou supposé tel). — Par ext. Exercer de graves violences sur (qqn), en parlant d'une foule. ⇒ écharper, molester. « un nègre lynché par une foule en furie, parce qu'il prétendait s'asseoir dans une partie de la salle réservée aux blancs ! » (Siegfried).lyncherv. tr.d1./d Exécuter, sans jugement préalable ou après un jugement extrêmement sommaire, une personne présumée coupable.d2./d Faire subir à (qqn) des brutalités pouvant entraîner la mort (en parlant d'une foule). Il a été lynché par la foule.⇒LYNCHER, verbe trans.[Le suj. désigne un groupe, une foule] Mettre à mort (quelqu'un) sans jugement régulier; p. ext., faire subir (à quelqu'un) des violences physiques entraînant la mort. Se faire lyncher. Il ne se passe guère de semaine sans que les journaux racontent quelque horrible histoire d'enfants martyrs et ils ne manquent pas d'ajouter que la police a eu toutes les peines du monde à empêcher le peuple de lyncher ces scélérats, coupables du plus lâche de tous les crimes (MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 214). Les Shillouk lynchent les empoisonneurs pris sur le fait et se livrent à des vendettas dont le roi tire profit en exigeant une indemnité chaque fois que le sang est versé (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 316).REM. Lynch, nom propre et subst. masc. [dans l'expr. loi de Lynch,loi du lynch plus rare] Exécution sommaire (de quelqu'un) par une foule. Cf. lynchage. Cette loi de Lynch se compliquait de méprises. Un jour d'émeute, un jeune poëte, nommé Paul-Aimé Garnier, fut poursuivi place Royale, la bayonnette aux reins, et n'échappa qu'en se réfugiant sous la porte cochère du numéro 6 (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 451). Si l'on soupçonnait la force ténébreuse dont je suis le porteur, je tomberais aussitôt sous le coup de la loi du lynch (M. TOURNIER, Le Roi des aulnes, Paris, Gallimard, 1980 [1970], p. 127). En emploi indépendant, lynch ne s'est pas implanté en français.Prononc. et Orth.: [
], (il) lynche [
]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1861 (Le Charivari, 6 mai, 2b d'apr. M. HÖFLER ds Z. rom. Philol. t. 86, p. 336). Empr. à l'anglo-amér. to lynch attesté dep. 1835 et formé sur le terme lynch de Lynch law, originellement Lynch's law «loi de Lynch» (en fr. 1837, La loi de Lynch et les femmes américaines, in R. Britannique, juin ds QUEM. DDL t. 2) désignant une pratique de châtiment et parfois d'exécution sommaire sans procès p. réf. au Capitaine William Lynch (1742-1820) habitant l'État de Virginie, puis la Caroline du Sud, qui établit cette pratique (cf. Americanisms). Fréq. abs. littér.:13.
DÉR. Lyncheur, -euse, subst. Celui, celle qui lynche (quelqu'un). Jamais je ne fus plus éloigné de contester l'ordre établi: assuré d'habiter le meilleur des mondes, je me donnai pour office de le purger de ses monstres; flic et lyncheur, j'offrais en sacrifice une bande de brigands chaque soir (SARTRE, Mots, 1964, p. 93). — [], fém. [-ø:z].— 1re attest. 1871 (K. SACHS, Enzyklop.[...] Wörterbuch ds HÖFLER Anglic.); de lyncher (suff. -eur2) ou empr. à l'anglo-amér. lyncher attesté dep. 1835 (Americanisms).
BBG. — MIGL. Nome propr. 1968 [1927], p. 188. — QUEM. DDL t. 3.ÉTYM. 1861; de l'anglo-amér. to lynch, de Lynch law « loi de Lynch » (1837), procédé de justice sommaire attribué à un fermier de Virginie, nommé Charles Lynch (1736-1796), qui aurait constitué un tribunal privé, s'érigeant en justicier en dehors de tout mandat légal.❖♦ Exécuter sommairement, sans jugement régulier et par une décision collective (un criminel ou supposé tel). — (1906, in Höfler). Par ext. Exercer de graves violences sur (qqn), en parlant d'une foule. ⇒ Écharper.1 (…) on a vu, dans un théâtre, un nègre lynché par une foule en furie, parce qu'il prétendait s'asseoir dans une partie de la salle réservée aux blancs !André Siegfried, les États-Unis d'aujourd'hui, I, VI.2 Autant notre petit sergent de ville fort en gueule et gesticulateur se fait peu respecter, et, dans les faubourgs, lorsqu'il essaye d'arrêter quelqu'un, risque d'être lynché, autant à New-York, le grand cop irlandais est craint; d'un coup de sifflet il réquisitionne les voitures et chacun lui prête main-forte.Paul Morand, New York, p. 91.3 (…) les Rosenberg n'ont pas été les victimes de la Raison d'État (…) en réalité ils ont été lynchés.F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 36.❖DÉR. Lynchage, lyncheur.
Encyclopédie Universelle. 2012.